LA SÉCURITÉ


La vie d’un sous-marinier est ponctuée par des exercices : incendie, voie d’eau, avarie de barres, etc... En mer ou à quai, nous pouvions avoir jusqu’à deux voire trois exercices sur la même journée. Pour parfaire cet entraînement intensif, nous avions un instrument de torture appelé « Vulcain ». C’était une citerne d’une certaine longueur censée représenter un tronçon de coque de sous-marin. Nous pouvions grâce à cela, exécuter des exercices avec incendie ou voie d'eau réelle. Nous pénétrions par diverses entrées après avoir « capelé le Fenzy » (un appareil respiratoire utilisé par les pompiers).

À l'intérieur, l’enfer nous attendait avec les feux à éteindre, les décisions à prendre selon la nature du feu, les voies d’eau avec utilisation des pinoches en bois, du ciment rapide, recherche des causes, isolation des sectionnements, etc… Tout le nécessaire pour apprendre à maintenir un bâtiment en état de combattre. Tout le monde y passait du mousse au commandant, c’était la seule façon de maintenir la cohésion du groupe car c’est bien de cela que nous parlons, la survie de l’équipage.

Puis il y avait l’entraînement à la cloche pour apprendre à s’échapper d’un sous-marin coulé en faible immersion. À mes souvenirs, je pense que nous pouvions espérer jusqu’à 60 m d’immersion. Cette cloche nous descendait jusqu’à 10 m d’immersion et simulait la jupe de survie. À bord des 800 tonnes, elle était disposée sur le panneau situé dans le poste arrière, celui des officiers mariniers.

La plupart des actions à bord des sous-marins sont protégées par des procédures répétées de maintes fois afin d'obtenir un automatisme parfait des équipages. De plus, dans tous les cas où cela était possible, le matériel était conçu de manière à prévoir la fausse manœuvre éventuelle du membre d'équipage et sur plusieurs niveaux parfois. Par exemple : il est impossible d'ouvrir la porte arrière d'un tube lance torpilles alors que sa porte avant ou latérale est ouverte, il serait nécessaire de démonter volontairement, plusieurs éléments mécaniques de sécurité. N'oublions pas qu'un tube lance torpilles a un diamètre de 55cm. À mes souvenirs, un trou de 10cm de diamètre, à 300m d'immersion, met 10 secondes à remplir le sous-marin. Dans ce cas, pas grand-chose à faire, alors, imaginez avec un tube de 55cm de diamètre. Mais même à des niveaux nettement moindres, les ingénieurs ont imaginé toutes sortes de sécurités pour rendre le sous-marin fiable.

LA PEUR

Dire que je n'ai jamais eu peur, serait mensonge. Je pense qu'il serait inconscient de ne jamais avoir peur. Bien que j'attribuerai plutôt cela, à de l'anxiété passagère. Il n'y a pas eu que des exercices, et parfois, certaines situations prêtaient à l'interprétation. Mais, entrés dans l'action, nous ne pensions qu'à faire notre travail et faire ce qu'il y avait lieu de faire comme nous avions été formés.